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Son antenne belge, basée au Centre de droit public de l’ULB, vous propose le quatrième épisode de l’émission documentaire “Les acteurs du droit”. Cette émission dresse le portrait d’individus qui ont joué un rôle dans une affaire judiciaire et ont inspiré les scénaristes et les metteurs en scène de cinéma. Chaque épisode s’attache à présenter un film basé sur une histoire vraie et dont le héros est un acteur du droit. Le résumé de l’œuvre et de son contexte sert de point de départ pour évoquer un thème qui présente aujourd’hui une certaine actualité : les fous doivent-il être jugés ? La justice est-elle politique ? Doit-on supprimer le juge d’instruction ? Les femmes sont-elles des magistrats comme les autres ?
Ce quatrième épisode est consacré au film L’Ivresse du pouvoir, de Claude Chabrol, sorti sur les écrans en 2006. Ce film relate les débuts de l’affaire ELF, vaste enquête économique qui fit trembler la République française durant les années 1990 et 2000. Emblématique d’une certaine collusion entre géopolitique, développement économique et business international, cette affaire mit en lumière les étranges mœurs d’une classe dirigeante moins animée par l’intérêt supérieur de la France que par la volonté de s’enrichir. Dans L’Ivresse du pouvoir, Chabrol met en scène le travail d’une juge d’instruction, Jeanne Charmant-Killman, personnage très largement inspiré de l’ancienne juge Eva Joly en charge de l’instruction initiale. Si le réalisateur s’attarde assez peu sur les détails, certes complexes, de l’affaire, il nous livre, comme à son habitude, une description assez ironique des petites mesquineries des grands bourgeois. Surtout, il nous offre le portrait ambigu d’une femme juge autant obsédée par son enquête et enivrée par les pouvoirs que lui procure sa fonction qu’insensible à la souffrance d’autrui et en particulier de ses proches. Entre chronique acide renvoyant dos à dos les personnes qui abusent de leur pouvoir (judiciaire ou économique) et portrait engagé d’une femme déterminée à lutter dans un monde d’hommes, ce film est à l’image de l’ensemble du cinéma chabrolien : ambivalent et sardonique.