par Youri Mossoux et Johanne Poirier, pour le Centre de droit public .
C’est avec une grande tristesse que les membres du Centre de droit public ont appris le décès soudain du professeur Marc Pallemaerts d’un infarctus, le 2 mai dernier à l’âge de 53 ans.
Après avoir soutenu sa thèse de doctorat en droit international de l’environnement à la VUB, Marc a enseigné dans cette même Université, puis s’est vu confier la charge du cours de droit international et européen de l’environnement au sein de la Faculté de droit de l’ULB. Il a également été professeur de droit international de l’environnement à l’Université d’Amsterdam.
C’était un homme et un professeur engagé, fervent missionnaire de la protection de l’environnement, dans les plus hautes sphères nationales, européennes et internationales.
Dans le cadre de ses activités de recherche, Marc s’intéressait notamment à la réglementation des produits chimiques, aux changements climatiques, à la gouvernance de l’Union européenne en matière environnementale et au lien entre la protection des droits humains et la protection environnementale.
Ce dernier domaine de recherche avait d’ailleurs conduit l’ONU à le nommer en 2012,
Rapporteur spécial auprès du Haut-Commissariat des droits de l’Homme « sur les incidences sur les droits de l’homme de la gestion et de l’élimination écologiquement rationnelle des produits et déchets dangereux ».
Marc était un militant de longue date – notamment auprès de Greenpeace Belgique dont il a présidé les destinées de 1985 à 1992. Mais également un chercheur et un technicien hors pair. Depuis 2005, Marc était l’un des chercheurs principaux et Directeur du Global Issues and External Action Research Programme de l’Institut pour une Politique européenne de l’environnement, un think-tank indépendant, ayant des bureaux à Londres et à Bruxelles.
Marc avait, auparavant présidé la réunion des Parties à la Convention d’Aarhus sur l’accès à l’information, la participation du public au processus décisionnel et l’accès à la justice en matière d’environnement. Il était membre du Comité de contrôle du respect des dispositions du Protocole de Kyoto. En 2007, la Commission européenne l’a nommé membre (sans droit de vote) du Conseil d’administration de l’Agence européenne des produits chimiques. Un an plus tard, il devenait membre suppléant de la chambre de recours cette même l’Agence.
De 1992 à 2003, Marc a activement contribué à l’élaboration de politiques environnementales belges, à titre de conseiller auprès des ministres flamand et fédéral de l’Environnement, puis à titre de chef de cabinet adjoint du Secrétaire d’État à l’Énergie et au Développement durable. Marc a, à de nombreuses reprises, dirigé les délégations belges à des sommets et congrès internationaux et européens en matière de protection de l’environnemental. Ainsi, dans le contexte de la Présidence belge de l’UE en 2011, il présidait le groupe « Environnement international – changements climatiques » du Conseil de l’Union.
Ces diverses activités et positions hors des cénacles de l’Université nourrissaient incontestablement les enseignements qu’il y dispensait. Marc alliait une remarquable maîtrise technique de la matière à une critique contextualisée essentielle. Acteur de terrain et chercheur, il était à la pointe de l’évolution du droit international et européen de l’environnement.
C’était un orateur recherché, et un auteur prolifique de plus d’une soixantaine d’articles en anglais, français et en néerlandais dans des domaines variés liés au droit de l’environnement (allant du phénomène de la pollution trans-frontière à l’émergence du concept de développement durable en passant par le lien entre droits humains et protection environnementale). Il avait notamment publié Toxics and Transnational Law: International and European Regulation of Toxic Substances as Legal Symbolism (Oxford: Hart, 2003) ; EU and WTO Law: How Tight is the Legal Straitjacket for Environmental Product Regulation? (Presses universitaires de la VUB, Bruxelles, 2006) et The Aarhus Convention at Ten: Interactions and Tensions between Conventional International Law and EU Environmental Law (Europa Law Publishing, Groningen, 2011).
En 2013, sa contribution au développement de la science du droit de l’environnement et sa participation à la rédaction de divers instruments internationaux ont été récompensées par le prestigieux Prix Elizabeth Haub, décerné par l’Université de Stockholm et l’ International Council for Environmental Law.
Nous avons eu le privilège de côtoyer Marc dans le cadre de l’organisation de deux colloques internationaux, l’un ici, l’autre à l’Université de Montréal. Outre ses connaissances remarquables et un immense rayonnement international qui faisait honneur à l’ULB, il était doté de très grandes qualités pédagogiques. C’était un promoteur de thèse très attentif à la liberté de pensée et l’ouverture d’esprit des chercheurs qui travaillaient sous sa direction.
Mais ce qui frappait le plus chez Marc, c’était sa profonde gentillesse.
C’était un être généreux, humble, ouvert, rejetant les artifices de la hiérarchie. Il discourait tout aussi bien avec ses pairs qu’avec les jeunes chercheurs, qu’il soutenait avec sincérité et dévouement, par ailleurs.
Nous adressons nos plus sincères condoléances à ses proches, notamment à ses trois filles.
Marc, tu vas nous manquer.